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Le mot d'intro

"Quand Agnès travaillait peu, quand j'étais encore plus connu qu'elle, les gens s'asseyaient littéralement sur sa tête pour me parler. Nous sourions de voir aujourd'hui combien les choses ont changé, combien les mêmes ont changé d'attitude. Quant à moi, j'ai toujours attendu qu'elle ait du succès. Elle le mérite." JEAN-PIERRE BACRI

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12 septembre 2008 5 12 /09 /septembre /2008 08:23

Dans « Parlez-moi de la pluie », avec Jean-Pierre Bacri et Jamel Debbouze, Agnès Jaoui incarne une féministe pète-sec qui fait de la politique. Comme dans la vie ?

Elle ne pense qu'à ça. Aux trois mois passés au Brésil, où, à 44 ans, elle a adopté à grand-peine deux enfants. « Je pourrais écrire un livre. » Sur la loi maximale de l'emmerdement. Depuis qu'elle chante en portugais-son album « Canta » a reçu en 2007 une victoire de la musique dans la catégorie Musiques du monde-, le Brésil est devenu son second pays. Loin de Paris, où il faut assurer la promotion de son troisième film, « Parlez-moi de la pluie ». « Chanter, c'est sensuel, sans fard, je prends un pied fou »,  résume celle qui traîne pourtant, depuis sa khâgne à Henri-IV, une réputation d'intello. « Oh, je ne travaillais pas beaucoup. J'étais surtout au club théâtre », minimise-t-elle. Mais écrire une thèse sur « les chevaliers-paysans du lac de Paladru en l'an mille », dans « On connaît la chanson », n'a pas amélioré son cas, même si la musique a révélé une Jaoui moins cérébrale, plus physique.

Si, dans le film de Resnais qui date de 1997, Agnès Jaoui jouait les étudiantes dépressives, elle s'est donné depuis des rôles de battante, de femme libre. « Parlez-moi de la pluie » accentue encore le pli. Elle y incarne une politique féministe fonceuse, pète-sec, impatiente. Au pays de Narcisse-le cinéma-, on lui sait gré de ne pas s'épargner ni de se mettre en valeur : « Ce côté "pas aimable" est une de mes facettes. Jouer me permet de travailler sur moi », analyse cette fille de psychothérapeute, habituée des divans. Question féminisme, elle est aussi en terrain connu : « Ma mère l'était : j'ai retrouvé son exemplaire du "Carnet d'or", de Doris Lessing, où elle a souligné des passages d'une violence terrible contre les hommes. » Quand les femmes ne sont pas respectées, Jaoui se met dans des rages folles : « J'ai un retour en féminisme comme d'autres ont un retour en religion. » Le sexisme, elle l'a découvert dans les couloirs de Canal + : « Ou vous êtes la comique de service ou vous êtes la fille à sauter. » Puis avec les politiques, de droite « comme de gauche », tient à préciser celle qui dit « on a perdu en 2007 » : « J'étais à Bruxelles pour parler cinéma avec des énarques, qui n'y connaissaient rien. Eh bien, je n'existais pas. Si j'y avais été pour la politique agricole, je comprends... »

« Toi, tu te laisses pas faire », lui disait, à regret, Gérard Lanvin dans « Le goût des autres ». Déjà, en 1987, elle ne s'est pas laissé faire par Chéreau, trop autoritaire, trop « chef de bande », à qui elle claque la porte de son Théâtre des Amandiers. Bien lui en prend : la même année, elle rencontre Jean-Pierre Bacri, l'homme de sa vie, dans « L'anniversaire », une pièce de Pinter. On ne lui donne pas de rôle ? Avec Bacri, elle se les sert à elle-même avec verve (« Cuisine et dépendances », « Un air de famille »), avant d'écrire pour Resnais (« Smoking No smoking », « On connaît la chanson »). Dans le couple, c'est elle, l'hyperactive, qui est devenue le « patron », assumant la lourde tâche de réalisatrice. Si, dans l'écriture, Bacri, très drôle, ajoute les pincées de rire, c'est elle qui observe, fine mouche, flingueuse à l'occasion. Elle monte aussi au créneau : apostrophé lors des césars à propos des intermittents- « Qui dirige le pays, le Medef ou le gouvernement ? »-, le ministre Donnedieu de Vabres en garde un cuisant souvenir.

Après avoir dénoncé le sectarisme (« Le goût des autres »), les mirages de la gloire (« Comme une image »), voilà qu'elle nous exhorte, dans son dernier film, à parler de nos souffrances et à la sollicitude. En affirmant que, pour avancer, nos douleurs doivent être reconnues, Agnès Jaoui frise le « politiquement correct » : « Il faut parfois l'être »,  assume-t-elle. Elle reconnaît aussi son côté khâgneuse, « donneuse de leçons »  : « C'est un défaut qu'on a, dans la vie aussi. Mais si je ne démontre pas, si je ne donne pas mon point de vue dans un film, j'ai l'impression de ne pas avoir fait le boulot. » Et pourtant, cette fois, elle semble avoir un peu rentré les griffes. Elle regarde de moins haut ses personnages. Elle aurait même de la tendresse. Comme si la musique avait adouci ses moeurs.

Le film

Deux bras cassés-Jean-Pierre Bacri et Jamel-s'invitent chez une féministe (Agnès Jaoui) qui entre en politique, afin de réaliser un documentaire sur elle. Rien ne se passe comme prévu : les humiliations personnelles-le racisme pour Jamel, un fils dont il n'a pas la garde pour Bacri-perturbent le déroulement des interviews. Jaoui revient avec un opus moins brillant, moins Rive gauche-on batifole d'ailleurs dans la campagne près d'Avignon-, mais qui évite la charge boulevardière de ses deux premiers films. Tout en restant fidèle à la méthode-débattons d'un sujet, en l'occurrence le victimisme-, Jaoui a changé la manière : plus de comédie burlesque, moins d'ironie et plus de « sollicitude » envers ses personnages. Et puis Jamel-avec qui Bacri eut en 2006 un projet de film-ne fait pas du Jamel, ce qui était loin d'être gagné d'avance.

Source: www.lepoint.fr

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commentaires

K
Ah !!!!!!!!!!!!!!!!!!! La méga-conscience du cinéma Français.
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